vineri, 9 martie 2018

Verlaine

A la princesse Roukhine

C'est une laide de Boucher 
Sans poudre dans sa chevelure 
Follement blonde et d'une allure 
Vénuste à tous nous débaucher.

Mais je la crois mienne entre tous, 
Cette crinière tant baisée, 
Cette cascatelle embrasée 
Qui m'allume par tous les bouts.

Elle est à moi bien plus encor 
Comme une flamboyante enceinte 
Aux entours de la porte sainte, 
L'alme, la dive toison d'or !

Et qui pourrait dire ce corps 
Sinon moi, son chantre et son prêtre, 
Et son esclave humble et son maître 
Qui s'en damnerait sans remords,

Son cher corps rare, harmonieux, 
Suave, blanc comme une rose 
Blanche, blanc de lait pur, et rose 
Comme un lys sous de pourpres cieux ?

Cuisses belles, seins redressants, 
Le dos, les reins, le ventre, fête 
Pour les yeux et les mains en quête 
Et pour la bouche et tous les sens ?

Mignonne, allons voir si ton lit 
A toujours sous le rideau rouge 
L'oreiller sorcier qui tant bouge 
Et les draps fous. Ô vers ton lit !

Titre : Auburn

Poète : Paul Verlaine (1844-1896)

Tes yeux, tes cheveux indécis,
L'arc mal précis de tes sourcils,
La fleur pâlotte de ta bouche,
Ton corps vague et pourtant dodu,
Te donnent un air peu farouche
À qui tout mon hommage est dû.

Mon hommage, ah, parbleu ! tu l'as.
Tous les soirs, quels joie et soulas,
Ô ma très sortable châtaine,
Quand vers mon lit tu viens, les seins
Roides, et quelque peu hautaine,
Sûre de mes humbles desseins.

Les seins roides sous la chemise,
Fière de la fête promise
À tes sens partout et longtemps.
Heureuse de savoir ma lèvre,
Ma main, mon tout, impénitents
De ces péchés qu'un fol s'en sèvre !

Sûre de baisers savoureux
Dans le coin des yeux, dans le creux
Des bras et sur le bout des mammes,
Sûre de l'agenouillement
Vers ce buisson ardent des femmes
Follement, fanatiquement !

Et hautaine puisque tu sais
Que ma chair adore à l'excès
Ta chair et que tel est ce culte
Qu'après chaque mort, — quelle mort ! —
Elle renaît, dans quel tumulte !
Pour mourir encore et plus fort.

Oui, ma vague, sois orgueilleuse
Car radieuse ou sourcilleuse,
Je suis ton vaincu, tu m'as tien :
Tu me roules comme la vague
Dans un délice bien païen,
Et tu n'es pas déjà si vague ?

Read more at http://www.poesie-francaise.fr/paul-verlaine/poeme-auburn.php#AkFvpCv7BqszFvBA.99

Niciun comentariu:

Trimiteți un comentariu